RIC communal, conseils de quartiers souverains et autres mécanismes, pour un contre pouvoir populaire par le bas

Le rôle des citoyens dans la prise de décision politique est discuté depuis toujours mais rarement de manière effective, même dans le pays de la révolution et de la démocratie qu’est la France.

Les hommes et les femmes politiques ont dans leur volonté de conquérir et gérer le pouvoir, ont toujours perverti les envies du peuple d’exercer sa souveraineté promise depuis la fin de l’Ancien Régime.

La nouvelle irruption du peuple français dans sa propre histoire politique, sous la forme des gilets jaunes, souligne à nouveau sa soif de liberté et de contrôle sur son destin. Le référendum d’initiative citoyenne (RIC) est l’expression d’une forme de démocratie directe et de contre pouvoir populaire.

Pourtant, à tous les échelons de l’Etat, des formes de participation populaires ont été mis en place. Au vu de la colère du peuple français, du rejet des corps intermédiaires et des ses représentants, nous pouvons dire sans prendre trop de risque que ces initiatives furent un échec.

Les promesses de démocratie renouvelées se sont heurtées à l’incapacité des initiateurs à maintenir la participation populaire. Ce genre d’initiative demande une véritable réflexion et une mise en œuvre de moyens facilitant la participation, en particulier celle des milieux les plus populaires, mais surtout par le manque de place laissé à l’expression citoyenne réelle et ceux à tous les niveaux. Partout, des serviteurs zélés du contrôle du peuple par des mécanismes imaginés, mis en place et maîtrisé par l’élite, se dressent entre le peuple et sa souveraineté, du parlement européen fantoche, aux ordres des technocrates aux conseils de quartier verrouillés par la mairie du coin.

Le gouvernement et sa majorité ont refusé la proposition de notre groupe parlementaire instaurant le RIC. Ils bloquent ainsi la traduction à l’Assemblée de la volonté populaire qui s’exprime tous les samedis en France depuis novembre, dans le souhait de voir l’instauration d’un contre pouvoir populaire qui « hérisse» le Premier Ministre.

Toujours agiles face au blocage de la caste au pouvoir, nous devons, nous citoyens, à l’échelon local, contourner le blocage institutionnel et irriguer par le bas la Nation et permettre l’irruption de la volonté du peuple dans les institutions.

Un élément fort serait l’instauration d’un RIC municipal (ainsi qu’aux autres échelons), encore plus facile à mettre en place qu’au niveau national. La question de la remise en cause des droits qui ferait (soit disant) débat, ne se pose pas. Il dépend seulement du courage politique des élus qui mettraient le droit de révocation et le veto populaire sur des décisions d’une majorité municipale ainsi qu’une capacité d’impulser des votations populaires sur les problématiques de la ville.

La liberté communale peut se retrouver vivifiée mais plus que idéologique, cette proposition se veut pragmatique. Si c’est pas par le haut que peut émerger un contre pouvoir populaire, alors, ça sera par le bas…

Il serait une erreur de penser que cela ne serait qu’une victoire au rabais ou un combat gadget. Selon le rapport du GIEC sur le changement climatique, 70 % des mesures se prennent au niveau local. De plus, elle serait une expérience pour convaincre l’idée de la nécessité du RIC au plus haut niveau de l’Etat et permettrait à des milliers de citoyens de participer à la vie de la Cité et de gagner en pouvoir d’agir.

Nous devrions également sans attendre d’avoir différent leviers de pouvoir, évaluer et dénoncer les supercheries mises en place par le pouvoir ayant pour but de faire croire à un partage de la souveraineté.

Actuellement, les conseils citoyens et de quartier n’ont aucun pouvoir. Il est urgent de les doter d’un budget participatif et de les sortir du rôle consultatif pour en faire un organe décisionnaire et sortir de la mascarade démocratique qui nous est servi par les élus actuels.

Dans la ville de Montpellier, l’exemple est parlant. Le Maire de la ville, Philippe Saurel, soutien de la première heure du président Macron (après avoir trahi son ami Manuel Valls), s’est fait élire sur un programme épais de 7 mesures, avec un ethos de jeune premier de la classe malgrés ses nombreuses années d’élu dans l’ombre de George Frêche, avec une pseudo rupture avec le PS local.

Il lui fallait un cheval de bataille. Il choisit la « démocratie participative », devenue un poney de fête foraine une fois au pouvoir.

Bien sûr, il y a des réunions de « concertation ». Des centaines paraît-il, mais ce ne sont que des concertations, à aucun moment le peuple est souverain. Ce sont de véritables matrices des débats nationaux au plan local, une agora où les mots s’évaporent et rien ne change en vous faisant croire que votre avis compte, alors que tout est cadré par la bureaucratie.

Mais attention, ce n’est pas seulement un accroissement de la souveraineté de ces structures et de ces participants qui seraient la panacée. La capacité à impliquer les catégories sociales les plus éloignées de la vie de la cité est déterminante, les politiques se cachent bien de proposer des solutions concrètes. Pour cela, des pistes de réflexions existent, elles sont connues, apparaissent dans multiples rapports et elles sont volontairement non appliquées par nos gouvernants locaux.

Les travaux de la sociologue américaine Sherry Arnstein sur l’échelle de la participation, permettent d’évaluer les procédures se réclamant de la participation citoyenne. Elle met en lumière le niveau de la “manipulation” où les citoyens sont invités à participer sans que leurs avis soient pris en compte, et dont le seul but du projet est de faire la promotion de ses initiateurs à une échelle où le contrôle du projet par les citoyens est total, avec l’indépendance et les moyens que cela nécessite.

Dans ce monde post moderne, où internet agit comme l’extension de nos sens et permet de nouvelles formes d’implications du peuple dans la gestion de sa vie, la question est comme toujours politique. Ceux qui sont au pouvoir accepteront-ils un nouveau contre pouvoir, qui est cette fois ci directement l’expression du peuple ?

Car comme le disait Jean Luc Mélenchon à l’Assemblée lors de la proposition du RIC : « Aucun pouvoir n’est au dessus du peuple »

Alors on va les contraindre…